Le merveilleux nom El Shaddai
diffère de tous les autres noms de Dieu par une caractéristique essentielle.
Shaddai est dérivé du mot "Schad", qui décrit "un sein de mère" à 18 endroits différents dans les Ecritures. Appliqué à Dieu, il a la signification de: "C'est lui qui fait des câlins", ce qui justifie une référence à l'amour maternel de Dieu.
Dans Shaddai, El - le Dieu fort, puissant et suprême - témoigne de l'amour débordant et dévoué d'une mère prête à tout sacrifier pour le bien de son enfant. Dieu, l'origine de tout être, est le seul vrai donateur de vie, le Tout-Puissant, Dieu de toute bonté, tout suffisant, le donateur de bénédictions toujours présent, aimant et dévoué!
« L'Esprit de Dieu n'agit pas non plus uniquement lors de moments singuliers particulièrement importants ou de lacunes du processus du monde. Il agit plutôt constamment comme Celui qui maintient dans le sens de la création et de l'accomplissement le système des lois et du hasard, et il le fait comme Celui qui guide le monde dans l'immanence au monde et dans la supériorité au monde — omniprésent même dans le hasard et l'accident — en respectant totalement les lois de la nature dont il est lui-même l'origine. Il est lui-même celui qui inclut tout négatif, tout sens et toute origine du processus du monde — ce qui, bien entendu, ne peut être admis et compris que par une foi confiante (Hans Küng, Petit traité du commencement de toutes choses (Seuil),p.194) ».
Ainsi, "Dieu est esprit", nous enseigne la Bible. Cela veut dire qu'il n'est pas matérialisable, il n'est pas "localisable", il est "d'une autre dimension que la matière". Mais Dieu n'est pas un esprit qui se balade et que personne ne peut "contacter". Dieu est un vis-à-vis, c'est pour cela que la tradition chrétienne dit qu'Il est une personne. Non pas parce qu'Il serait comme vous et moi, avec un corps et limité dans une localité, mais pour dire qu'Il est quelqu'unE avec qui nous pouvons être en communion. Mais encore: Dieu est aussi Esprit-Saint, souffle de vie, c'est-à-dire comme le vent, Il atteint tout par sa bonté, Il transperce tout par sa vie. C'est ainsi aussi que les chrétiens ont appris à l'expérimenter: comme un souffle vivifiant, comme un vent insaisissable et pourtant "nous le sentons autour de nous".
Il est le Tout /Opposé-au-Chaos. Non pas le bouche-trou mais le-plus-que-nécessaire par lequel nous avons part à l'Esprit, à la créativité, à la liberté et à l'amour. Non pas un savoir ni un tenir pour vrai mais une source qui nous écarte de la Nuit, de l'absence à soi-même, à la vie, à l'autre; de l'illusion, du mensonge et du délire; Du vivre selon sa loi.
C'est le ce sans quoi je suis livré au mortifère; c'est le ce par quoi je peux dieuser. C'est le feu d'éveil dans l'urgence de se reconnaître pécheur, prisonnier du non-amour; nécessité de reconnaître notre néant, notre iniquité, notre humanité fragile; et croire pourtant à ce Don qui est résurrection, sortie du chaos pulsionnel destructeur. Volonté de ne détruire ni soi-même ni autrui. Préférence tenace pour tout ce qui est soin, accueil, partage, pardon et charité. Nourriture pour le corps, parole humanisante, place en des lieux partagés, initiation à la Voie, triomphe de la vie sur le mortifère vécu dans la fermeté et la joie. Dépassement de nos peurs, de nos envies, de nos vouloirs, devoirs, savoirs, pouvoirs, valoirs, faire étalage. Feu qui veut la Vie et refus d'entrer ans la violence absolue qui détruit tout. Joie décontaminée de la destruction. Relation vive et humble avec l'Indispensable. Point de lumière qui fait barrage à la tristesse d'être né! Qui permet de s'installer dans des demeures protégées, dans une sécurité ontologique par la Présence ineffable avec laquelle nous sommes réconciliés, en co-création libres et responsables.
El Shaddaï est aussi Celui qui transforme la plainte ou la menace en grâce. La tradition judéo-chrétienne raconte la reconquête de l’innocence perdue. « La grâce est désormais, s’il est permis de risquer un paradoxe, la loi sous laquelle il nous est donné de vivre et de laquelle toute notre condition humaine reçoit ses impulsions et son style. Gratuité absolue, Amour inconditionnel de Dieu, elle est l’Amour qui libère l’homme pour l’Amour, la gratuité qui le libère pour la reconnaissance (C. Senft). »
La Source est aussi ce qui nous permet de réaliser que la miséricorde est toujours choquante, tout comme l'humilité, le dévouement pour les autres, la générosité, le don, l'accueil ou le soin consenti les uns pour les autres: Jésus a vécu ainsi voulant débloquer ce que l'angoisse humaine et religieuse avait bloqué; ce fut un électrochoc salutaire qui ne doit pas nous faire oublier toutefois que la paix et l’harmonie sont toujours à inventer, à construire, à cultiver. Elles demandent effort, combat, engagement. Elles n’arrivent pas parce qu’on a supprimé les motifs de désaccord, mais parce qu’on a appris à les gérer autrement que par la violence.