Pour le philosophe André Comte-Sponville, il n’y a pas de société sans lien, ni sans rapport au sacré, à ce qui a valeur absolue. On peut se passer de religion, au sens d’être relié, mais pas de communion, ni de fidélité, l’autre sens de la religion (relegare: recueillir ou redire). Elle est ici un attachement, un engagement, une reconnaissance et non une piété. Toutefois, l’absence de foi ne dispense pas d’avoir une morale. L’athée n’est pas condamné à être un lâche, un hypocrite ou un salaud ! Mais toute morale sera humaine, donc relative et marquée du sceau de l’effort volontariste. Pour autant, elle ne sera pas bâtie sur le nihilisme qui fait le jeu des barbares et des fanatiques de tous bords, qui ne connaissent que la violence, le mépris, l’égoïsme, la haine, car le contraire de la barbarie, c’est la civilisation. Une société peut très bien se passer de religion, au sens de la croyance en un Dieu créateur et personnel, elle pourrait se passer de sacré ou de surnaturel au sens large, mais elle ne peut se passer ni de communion ni de fidélité, celle précisément qui combat une sophistique qui cherche à taire la différence entre mentir, dire la vérité ou se raconter des histoires. | ![]() |