Aller au plus humain de l'humain est un défi quotidien.
Nous aurons à nous situer entre les multiples propositions et lectures du monde. Il convient toutefois de se rappeler ceci:

Nous aurons à privilégier ce qui nous permet d'aller vers une nouvelle conscience de soi et de nouveaux projets d'existence qui devront toutefois éviter deux écueils malheureusement très présents: le dualisme rationalité et sentimentalité, et le dualisme de l'exagération de causes somme toutes relatives ou la relativisation de causes essentielles.
Examinons tout d'abord l'approche de Antonio Damasio:

Cette approche globale a le mérite de lier le corps et l'esprit, la raison et les sentiments à nos singularités, à notre unicité d'être au monde. Mais elle opère obligatoirement malgré tout une réduction de la complexité.

Un miracle ambulant et aussi une énigme !
Qu'il nous suffise de penser à l'épineuse question de notre quête de sens
Ou de penser à.

La conscience ne saurait ainsi être sans lien avec le Tout: Dans ce réel voilé:

Et le champ existe

Il faut donc envisager une interaction plausible avec le champ:

De nombreux chercheurs et penseurs font de l'homéostasie leur socle ontologique. Mais c'est oublier un peu vite que tout système est une fatale imperfection: Le fait que nous vivions dans une réalité imaginaire qui ne
peut que structurer l'irrationnel exige l'abandon de toute prétention à détenir
la vérité dernière. " Ainsi, vouloir que l’homéostasie soit cette capacité d’un système vivant à maintenir son équilibre intérieur est un acte de foi pour expliquer la force qui régule toutes les manifestations du vivant. Mais rien n'est aussi simple car les humains sont à la fois forts et fragiles:

Cette force qui régulerait le vivant n'est donc pas aussi omnisciente qu'il y paraît. Elle le serait comme une vue d'ensemble simplifiée.
Une approche similaire a été tentée par Jean-Marie Delassus. Dans son livre intitulé Neuroscience
de l’être humain, de la structure à l’existence (éditions Encre Marine 2012), le pédiatre va défendre l’hypothèse de la
conscience issue de ce qui fait la particularité humaine, à savoir l’existence
dans le néo-cortex d’un maillage, d’un réseau très étendu de neurones libres de
toute influence génétique qu’il va appeler les Territoires Corticaux Libres. La
relation avec le milieu homogène favorise le développement de nos sens in
utero. La disponibilité neuronale fait que toutes les informations disponibles
traversent les Territoires Corticaux Libres ; mais ces derniers vont se
connecter ensemble ainsi qu’à d’autres neurones du cortex. Ils constituent un
espace de travail global qui introduit la dimension de l’esprit de l’être
humain. Ils sont reliés par leur identité, leur similitude et les renvoient à
eux-mêmes en un jaillissement constant qui forme une structure neurontologique
qui définit non pas l’âme mais l’être humain, un être par soi-même, né dans
cette vision intérieure qui est notre vrai monde prénatal. Dès lors,
l’inconscient primaire, ontologique serait ce sens de l’homogénéité développé
in utero ; la conscience est inscrite et vécue en elle : « elle la pressent, elle en est la prescience et le
désir (p.190). » L’homogénéité prénatale va nous marquer à vie. Elle
sera ce temps béni où le rapport de soi à soi était non seulement possible mais
une réalité constante harmonieuse. La naissance va marquer une rupture
difficile, car le nouveau-né va devoir quitter l’harmonie fœtale, être envahi
de nouvelles sensations, par son corps, qui sont perçues comme autant
d’agressions capables de générer la peur et l’angoisse. En venant au monde,
tout lui est étranger, de sorte qu’il devra identifier dans son environnement proche,
à travers les soins prodigués par la mère notamment, ce qui lui rappelle son
inconscient ontologique. Il le fera par association de sensations
apaisantes liées à la parole, aux gazouillis, au regard, au bercement, à
la caresse, à la tétée, etc., auxquels il va également associer la figure de la
mère. C’est ainsi que le nouveau-né, d’après M. Delassus, échappe à la
« vivisection » de la naissance pour en ressortir sain et sauf. Les
choses vont selon lui se compliquer par la suite, nous y reviendrons. Pour
l’instant, il convient de savoir quelle autorité donner à ces affirmations.
Pour l’auteur de cette thèse, nous sommes arrivés aujourd’hui « au stade où l’essentiel de ce qui se projetait dans
des notions métaphysiques devient explicable par la prise en compte des données
de la neuroscience. On pourra opposer le fait que la structure neurontologique
n’est une évidence que pour ceux le veulent bien : aucun scalpel, aucun
scanner ne la fera apparaître, du moins pour le moment. Mais un raisonnement
rigoureux basé sur des données fiables peut être pris en considération (p.308). »
Le statut de l’inconscient ontologique est ainsi clairement établi : il
n’a – en principe - rien à voir avec un parti pris subjectif ou une militance
idéologique même si M. Delassus va ensuite, de manière plus douteuse, en tirer
parti pour réfuter l’existence de l’âme ou tout autre référence à une
transcendance.
Partant
du constat d’un raisonnement rigoureux, nous pouvons postuler que l’inconscient
ontologique est bien le plus petit dénominateur commun entre les humains car
nous avons tous fait globalement l’expérience in utero d’une béatitude fœtale dont nous
pourrions bien en effet avoir la nostalgie. De même, nous avons tous dû – dans
l’environnement particulier de notre petite enfance – tenter d’associer cet
inconscient ontologique avec les soins du maternage. Et pour la majorité
d’entre nous, nous en sommes sortis sains et saufs.
Toutefois,
nous ne pouvons souscrire à une prétendue homogénéité développée in utero, car
cela voudrait dire que les neurones des Territoires Corticaux Libres ont un
pouvoir particulier dans le fonctionnement du cerveau. Or, cela n’a pas été mis
en évidence par les études menées en neuroscience. Il s’agit plutôt d’une
tentative idéologique destinée à réhabiliter, d’une manière plus moderne,
l’inconscient freudien. Nous pouvons par contre prendre en compte une nostalgie
d’harmonie perdue ou compromise par l’envahissement du monde extérieur.
Jean-Marie Delassus comme Antonio Damasio passe sous silence toute une réalité mise en évidence par certaines études réalisées en neuroscience:

Nous pouvons tout aussi bien - et de manière logique - l'exprimer autrement, cette force du vivant. En postulant tout d'abord une transcendance:

Dire autrement cette force qui régule le vivant:

Une nouvelle conscience de soi permet de nouveaux projets d'existence à vivre dans la dynamique du libre arbitre:

À la suite de Gerd
Theissen, il convient de définir le religieux comme un système de signes en
évolution qui s'adapte à la réalité par essais et erreurs. Les mutations
créatrices autant que les erreurs horribles commises individuellement ou
collectivement nous poussent à évoluer vers des adaptations qui concernent
l'entier de l'humain, ses connaissances, ses émotions et ses motivations.
Chronologiquement, l'évolution a d'abord été chimique, elle a été ensuite
biologique pour être enfin culturelle, voire spirituelle. Toute approche de
cette évolution – même cognitive – demeure une approximation puisque personne
n'en connaît la réalité ultime. Notons aussi que la science, en tant que
système de compréhension de la réalité, ne peut répondre à la question du sens
de cette évolution. C'est l'humain qui est appelé à jeter une étincelle de sens
dans cet univers-machine froid et indifférent, régi principalement par des lois
connues ou encore à découvrir, la le hasard ou par des coincidences heureuses. Cet appel en réalité nous constitue : vouloir
s'en passer est du plus haut comique, y répondre de façon absolue est du plus
haut tragique.
La tradition chrétienne en réponse à
cet appel se réfère à un Dieu transcendant. Elle postule qu'Il est la Réalité
Ultime à l'origine de cette évolution encore inachevée puisque dans la foi nous
croyons qu'il est nécessaire de passer du stade culturel de l'évolution au
stade spirituel. Cela ne peut se faire sans une Parole qui s'oppose à l'humain
en le confrontant notamment à la dialectique de la souffrance et de la
culpabilité. Le message chrétien contredit ainsi ce qui dans l'évolution
naturelle serait issu uniquement de la sélection active qui veut que seuls les
plus forts et les plus adaptés survivent. Il atteste d'une contre-sélection
possible qui s'oppose à la sélection naturelle ou à toute autre forme de
sélection culturelle. C'est en elle uniquement que nous sommes appelés à
définir des valeurs et des normes nous permettant de mieux nous adapter à cette
évolution spirituelle.
Ainsi va la Route du temps...