Il existe de nombreux modèles de communication, Watzlawick résume en 5 axiomes les principes de la communication
On ne peut pas ne pas communiquer
Toute communication présente deux aspects : le contenu et la relation, tels que le second englobe le premier et par suite est une métacommunication
La nature d’une relation dépend de la ponctuation des séquences de communication entre les partenaires
La communication humaine utilise simultanément deux modes de communication : digital et analogique
La communication est soit symétrique, soit complémentaire
Communiquer n'est donc pas chose aisée. L'approche de Thierry Tournebise mérite attention. Osons tout d'abord cet éloge...
Psychopraticien, formateur et écrivain, Thierry Tournebise mérite sans aucun doute qu'on lui rende hommage. Il vit dans l'ombre et offre avec une grande humilité et partage avec modestie ses analyses et découvertes sur le positionnement l'ouverture et l'écoute aux autres. Il a nommé la "maïeusthésie" son approche pour ne pas que l'on dise "La méthode Tournebise".
Il est auteur de plusieurs livres, parmi lesquels: "L'art d'être communicant, avec les autres et soi-même" "Chaleureuse rencontre avec soi-même" "L'écoute thérapeutique"... "Le grand livre du psychothérapeute" ... Il nous offre aussi plus de 2000 pages d'articles qu'il a écrit et qu'il met à disposition gratuitement dans son site internet: www.maieusthesie.com
À mon sens il mériterait un salut national pour l'ensemble de ses travaux sur la communication interpersonnelle et sur l'humanisme profond dans son approche d'aide psychologique. On peut lui être reconnaissant pour sa capacité de mettre des mots sur les infimes subtilités de nos positionnements. Et cela sans jamais catégoriser les individus, car ils sont trop précieux et uniques à son regard pour les classer dans des boîtes par type, genre ou par symptômes.
Il a su clairement distinguer le sens des termes "communication" et "relation". Cette distinction est fondamentale pour apprendre les bases fondamentales de la communication, apprendre à se positionner dans l'affirmation de soi et le respect d'autrui plutôt que dans la manipulation et l'affectivité. C'est une découverte importante en communication. Ne vous y trompez pas, ce n'est pas une méthode qui nous est enseignée, mais le "savoir être". Il nous décrit comment nous sentir "touchés" par les êtres humains. C'est exactement en cela que consiste la véritable chaleur humaine. Se sentir touché et se réjouir de rencontrer l'autre tel qu'il est, dans ce qu'il vit.
Il a su décrire précisément des mécanismes imperceptibles et pourtant si importants à connaitre dans les échanges entre êtres humains. Ses écrits résonnent en moi comme une évidence de ce que je percevais, mais dont je n'étais pas en mesure d'expliquer.
Thierry Tournebise nous indique la voie de l'assertivité, de la considération, de l'authenticité, de la chaleur humaine... Autant de valeurs essentielles, fondamentales à notre équilibre psychique. en particulier en cette période où le savoir-faire et l'économie nous ont fait perdre les repères vitaux du sens de la vie.
Parmi les nombreuses méthodes d'apprentissage de "Communication" existant sur le marché, la plupart enseignent plutôt l'état relationnel (fermeture de soi aux autres et manipulation) sans toutefois que ce soit toujours intentionnel. C'est seulement après avoir compris les subtilités de la maïeusthésie que l'on peut être en mesure d'affirmer pourquoi cette approche est certainement une des rares qui corresponde au vrai sens du terme de communicant (ouverture de soi aux autres).
Les enseignements de Thierry Tournebise devraient être transmis dans les programmes de l'Éducation Nationale dès l'école primaire et poursuivis en enseignement secondaire au même titre que le français est enseigné. Car nous apprenons à parler et à écrire, mais il nous manque foncièrement l'apprentissage pour devenir communicants, ce savoir-être pour vivre bien avec soi-même et avec les autres. Apprendre à se respecter (la civilité qui fait défaut actuellement), à s'écouter, à se considérer, à s'affirmer tel que l'on est et non plus afficher qui l'on n'est pas. Apprendre à partager des différences de point de vue et apprendre à être chaleureux. Cet apprentissage ne peut qu'être bénéfique à tous, tout au long de la vie (à l'école, au travail (cela fait partie intégrante du professionnalisme), entre collègues, en politique, en famille, en couple, entre amis...)
Intégrer la communication authentique dans notre vie quotidienne aurait un impact presque miraculeux sur notre santé. Thierry Tournebise a d'ailleurs développé, dans son approche de maïeusthésie, une manière de rendre la communication thérapeutique. Il est évident que le manque d'écoute et de considération sont source de mal-être et de nombreux symptômes psychiques et physiques. Il s'agit d'apporter une écoute chaleureuse là où elle a manqué pour réhabiliter des parts blessées de soi. Thierry Tournebise souligne que c'est grâce aux symptômes que l'on peut retrouver notre équilibre. Car les symptômes nous indiquent, tels des panneaux indicateurs, que nous avons manqué d'écoute et d'attention sur soi ou les autres à un moment donné. Cela permet de prendre conscience de l'importance et de l'ampleur des conséquences de la qualité de la communication!
C'est aller vers l'amour divin:
" puisque sa joie est que vive la vie ; sa divine
joie est en les naissances, en les guérisons, en les libérations, en toutes
créations, en surgissement par-delà les montagnes et les océans de mort. Mais
en même temps, il est justement jouissance. Aussi éloigné d’un altruisme
qu’étouffe le devoir que d’un égoïsme qui est finalement suicidaire. Il
n’y a pas à se justifier. Il n’y a pas à se condamner. À chaque jour est donné
le pain de chaque jour.(Maurice Bellet)."
Il s'agira de consentir à notre double nature: à
cette humanité fragile, faillible et mortelle d'où surgit souvent un cloaque
d'iniquités. Et se risquer pourtant à cette Présence ineffable, à l'expérience
d'une puissance de Vie, qui couvre tout, espère et endure tout, capable de
faire reculer nos fascinations pour la mort et le mortifère du non-amour, dans
le grand désir que tout soit sauf en tous, par cet Accueil où chacun va comme
il peut, d'où il est, comme il est, sans crainte ni désespoir, un humain parmi
les autres. Naître là, dans cette Présence ineffable est lutte pour maintenir
le désir que tout soit sans rudesse ni violence vécu dans la patience d'avancer
à son pas comme dans le refus de (se)faire violence. Tout est appelé ici à être
relations justes, renaissances, puissance critique et processus créatifs en
lien avec le Tout.
Car l'amour réclame un
espace bien plus grand que l'éthique, il est en amont, création, « surgissement de noms, de visages, de
corps, présences – non comme ce que je dois respecter, mais comme ce qui nous
est donné », dans une compréhension première de
l'être humain où l'amour peut être délié de la tristesse, de l'infernale dureté
des logiques infernales menant à la destruction. Il le sera dans l’Évangile par
le principe de réciprocité nous invitant à faire (et ne pas faire) aux autres
ce qu’on voudrait qu’ils nous fassent : un principe élémentaire destiné à
empêcher les rapports humains d’être meurtriers. « Et il est ajouté plus tard : aimez-vous
les uns les autres comme je vous ai aimés. C'est donner comme vérité à l'amour
non point la référence à mon désir (« ce que tu veux qu'ils te fassent »), mais
quelqu'un d'autre, une autre vie ; qui pourtant ne me parle ainsi que d'être,
en un autre sens, qui je suis. Je suis ce Christ, qui se présente comme l'amour
que j'ai à vivre, à condition de ne le revendiquer en rien ; car je le suis
dans la rupture, dans la déchirure fondamentale de Je, en tant que Je serais le
Seul. C'est-à-dire que l'amour n'est pas seulement ce que je veux, ou même ce
qui m'advient, à moi sujet ; l'amour est ce qui précède l'être en l'être humain
; il n'y a de vérité que d'écoute et communion. Et cette vérité précède tout, y
compris la raison même. Mais au final « quiconque aime est né Dieu et connaît
Dieu »
Cette
primordiale tendresse nous recommande d’aller du côté de l'amour comme foi,
sans la jouissance d'aimer ni même la jouissance de sa foi. Non pas un amour
mystique car il resterait dans l'illusion ; ici, l'amour inconditionnel est
feu, premier, absolu, sans dépendance, sans prétention : ce grand manque commun
qui demeure dans l'urgence d'être comblé. Une présence dont l'absence est
brûlure. Cette lumière incite à demeurer dans le don, le pardon, la suprême
innocence qui traverse tout, la générosité qui espère sans point d'appui tout
en se disant, intraitable, au cœur de la Ténèbre. Une aventure infime et
infinie, l'origine originante de tous les possibles que rien n'épuise ni ne
mesure. Foi envers autrui, foi envers soi-même, avancée vers l'horizon de la
vie heureuse : la Pacification. « Finalement,
finalement, vous ne devez, nous ne devons craindre qu'un ennemi, un seul ennemi
: la sombre tristesse qui envahit tout et défait le lien merveilleux qui nous
donnait d'être un en nous-mêmes et un avec nos proches, jusqu'à l'infini. Un
seul ennemi : cette tristesse de ténèbre, cette amertume qui hait la naissance
et la vie ; car c'est de ce gouffre que sortent les cruautés, les abandons, les
replis, les angoisses. De là sort l'extrême, l'inhumain— l'inimaginable
froideur des organisateurs de massacres. »
L’humaine tendresse n’a pas pu se dire ; elle ne s’est pas
incarnée pour libérer du jugement et devenir cette douce présence qui nous fait
sortir de l’enfermement. « En vérité, toujours demeure en l'homme (en vous comme en moi)
puisqu'il vit, au moins une légère trace, un reflet de ce don qui précède tout
et qui fait que malgré tout nous pouvons nous réjouir d'être nés.
Heureuse rencontre, d'une parole qui nous éveille là!
Cela est vrai de toute vie, même si nous ne savons pas comment, même si celui
qui la vit est jour après jour dans la ténèbre (Maurice Bellet).
» Un presque rien qui peut presque tout changer !