Il y a bien ici un combat si bien résumé par cette histoire:
Un vieil Indien Cherokee initiait ainsi son petit-fils à propos de la vie: «Une lutte est en cours à l’intérieur de moi, disait-il à l'enfant. C'est une lutte terrible entre deux loups. L'un est plein d'envie, de colère, d'avarice, d'arrogance, de ressentiment, de mensonge, de supériorité, de fausse fierté.
L'autre est bon ; il est paisible, heureux, serein, humble, généreux, vrai et rempli de compassion. Cette lutte a aussi lieu en toi, mon enfant, et en chaque personne.» Le petit-fils réfléchit un instant et interrogea son grand-père: «Lequel de ces deux loups va gagner la lutte?»
Le vieil Indien répondit simplement: «Celui que tu nourris.»
Sous ce titre provocateur, l’auteur tente de susciter chez ses lecteurs une approche plus saine du bonheur.
Voici le résumé des principales convictions à nourrir pour réussir à coup sûr à échouer ou à être malheureux :
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Nous
avons salement besoin du malheur. Être malheureux est certes à la portée du
premier venu. Mais se rendre malheureux, faire soi-même son propre malheur sont
des techniques qu’il faut apprendre (idem pour être en conflit avec les
autres).
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Pour
assurer son malheur, il est bon de définir sa règle de vie comme étant soi-même
et de s’y tenir mordicus, surtout en faisant la sourde oreille à la voix de sa
propre raison qui pourrait nous en écarter.
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Il est
conseillé d’utiliser la glorification d’un heureux passé (enfance, adolescence,
etc.). De minimiser ce que peut nous apporter l’avenir, de sorte de n’être bien
ni dans l’un ni dans l’autre. De bien ancrer toute chose dans le regret et la
culpabilité fataliste : jamais je n’aurais dû, mais, désormais, il est trop
tard. Quitte même à rendre le passé responsable de choses malheureusement
positives. Et il convient enfin d’appliquer la maxime : il suffit d’insister
(l’autre nom pour la névrose), de redoubler d’effort en toute chose surtout
dans l’application de son malheur, sans jamais remettre en question le système,
puisqu’il ne peut y avoir qu’une seule solution.
·
Il est
bon aussi d’acquérir la certitude que nous sommes livrés sans défense à des
forces, des pouvoirs qui échappent à toute maîtrise, à toute conscience, d’y
consentir en souffrant par eux sans retenue.
·
N’oublions
pas de recourir à la ruse de l’évitement : vouloir éviter ce qu’on redoute (ou
une difficulté) est le plus sûr moyen de perpétuer la situation ou la
difficulté redoutée. Cela concerne tout particulièrement notre perception du
danger et de la bienséance.
·
Le
recours à la prédiction est aussi précieux : il faut et il suffit que nous
soyons convaincus ou nous laissions convaincre par d’autres d’un événement
imminent (ou d’une réalité injuste, etc.) parfaitement indépendante –
soi-disant de notre comportement – pour qu’elle se réalise.
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Il
peut être très utile de se fixer des buts utopiques (utopia= nulle part), en
somme de s’efforcer de ne jamais arriver nulle part. Chacun comprendra que plus
le but est élevé, noble, plus il demande d’efforts et de temps. Ne pas arriver
est alors acceptable.
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Pour
échouer, n’oublions pas de pratiquer la démolition des relations en semant
toujours la confusion entre les faits (objets ou ressentis) et la relation
(gain ou soupçon). La variante puritaine recommanderait ici de tout faire sans
ne jamais en tirer aucun plaisir.
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L’un
des musts consistera à se soumettre au paradoxe du « Sois
spontané !», une variante du « Sois heureux !». Comment
accomplir par la volonté ce qui devrait être spontané ? La confusion,
soigneusement entretenue en doubles contraintes paradoxales, permet une
fantaisie illimitée.
·
Le
piège de l’amour qui devrait être une liberté, alors qu’il réclame une fidélité
(ou une constance), va nous aider aussi grandement. Il suffit de ne jamais
accepter en toute simplicité et gratitude ce que la vie peut nous offrir à
travers l’affection de quelqu’un, en se posant plein de questions, en restant
vigilant et sceptique ; ça marche à tous les coups !
·
N’oublions
pas de pratiquer à propos de tout, mais tout particulièrement de l’altruisme,
la stratégie du doute et celle du soupçon : il y a toujours des motifs moins
avouables, moins nobles derrière de bonnes intentions ou de bonnes actions !
Dans la relation d’aide comme dans le dévouement, il y a risque de collusion :
je voudrais être sanctionné, confirmé, dans la vision que j’ai de moi-même ou
dans ce que je désire montrer. L’autre est alors désiré tel qu’il me le faut.
·
L’opacité
demeure un atout précieux : il s’agit d’affronter toutes les preuves du
contraire en continuant de tenir ses avis, sa propre conduite pour évidente et
normale ; ce sont les autres qui sont…
·
Pour
bien consolider l’enfer, il faut considérer la vie comme un jeu à somme-zéro
dans lequel la seule alternative est de perdre ou de gagner. L’enfer y gagnera
encore si nous considérons toute la vie comme un jeu à somme-zéro, en imaginant
qu’on ne peut gagner tous les deux, qu’il faut vaincre l’autre pour ne pas se
perdre soi-même, et qu’il est impossible de vivre en équilibre, en harmonie.
· En résumé, comme le disait Dostoïevski dans Les Possédés : L’homme est malheureux parce qu’il ne sait pas qu’il est heureux. Ce qu’il faut traduire par la situation est désespérée, et la solution désespérément simple !
« Ce n’est pas ce qui est spirituel qui vient d’abord,
c’est ce qui est animal ; ce qui est spirituel vient ensuite (1Co
15.46) » Disait fort justement l'apôtre Paul.
L'homme enfermé en lui-même, réduit à son
individualité naturelle, immergé dans les soucis de la vie temporelle, s'aliène
aux nécessités de la survie existentielle : s'installent la peur de manquer,
l'angoisse de l'insécurité, la hantise de la solitude, qui trop souvent font
prendre des décisions qui engendrent des conséquences fâcheuses et alourdissent
le fardeau du quotidien. Cette aliénation au monde visible, extérieur à cet
univers clos où tout est référé à nos perceptions et à nos conceptions, c'est
le mouvement de l'égocentrisme.
Nous sommes sous l'emprises de nos peurs et de notre égo:
La peur de l’inconnu : L’être humain a une tendance naturelle à préférer ce qu’il connaît.
La peur du rejet : C’est la peur d’être ridiculisé, ignoré ou mis de côté. Le besoin d’être accepté par son groupe est un besoin vital. Cette peur d’être exclu est profondément ancrée dans notre inconscient du fait qu’autrefois la survie d’un individu reposait sur son appartenance au groupe (nourriture, territoire, etc).
La peur de se tromper : Il arrive souvent que nous évitons d’agir ou de prendre une décision parce que nous doutons de la pertinence de nos choix.
La peur de l’échec : Elle est très liée avec la peur de se tromper. Cette peur est omniprésente et très forte dans nos sociétés occidentales où règne une délétère dictature de la performance. Elle est moins présente dans les sociétés qui donnent plus de place et d’importance à la spiritualité.
La peur de réussir : Oui de réussir, vous lisez juste ! Elle semble paradoxale mais cette peur n’est pourtant pas rare.
La peur du pire : Une phrase absurde dit « espérer le meilleur et se préparer au pire ». Depuis tout petit nous sommes conditionnés à imaginer le pire et à le craindre pour l’éviter.
La peur du changement : Le changement est naturel chez l’être humain. On apprend à lire, marcher, etc de manière à devenir plus indépendant. Mais il est courant de céder à la tentation de privilégier la sécurité.
La peur de l’engagement : Elle est souvent associée aux relations amoureuses. Or, elle peut concerner les différents autres aspects de votre vie comme le travail, la famille.
Néanmoins, toutes ces peurs sont des ajustements à nos environnements et des réponses fictives à une réalité imaginée. Nous aurons forcément à nous confronter à nos plus grandes peurs, à ce que Gregg Bradden appelait la Nuit de l'âme...
Quant à l'égo, au mental, rappelons qu'ils sont une réalité biologique sans être pour autant nuisible, mais simplement qu'il faut les considérer comme une sorte de pilote automatique pouvant être très utile. Il faut les voir comme un programme, le mieux étant d'en prendre conscience. Pour cela, il faut élever son niveau de conscience et c'est le principal objectif des approches spirituelles et méditatives.
La seule manière aussi de prendre en compte sérieusement notre aliénation fondamentale liée à la course éperdue à la satisfactions de nos besoins vitaux, au dépassement de nos peurs, au pilotage automatique de notre égo et de notre mental notamment.
Comme le disait fort bien Eckart Tolle, " je ne suis ni mes pensées, ni mes émotions, ni mes perceptions sensorielles, ni mes expériences. Je ne suis pas le contenu de ma vie. Je suis la vie. Je suis l’espace dans lequel tout se produit. Je suis la conscience. Je suis le Présent. Je Suis. Lorsque vous savez qui vous êtes vraiment, un sentiment de paix durable et vivant s’installe. On pourrait l’appeler la joie, car c’est bien la nature de celle-ci : une paix vivante et vibrante. C’est la joie de reconnaître en soi l’essence de la vie, celle qui précède la forme. C’est la joie d’Être - d’être qui on est vraiment. La vie de la plupart des gens est menée par le désir et la peur. Le désir, c’est le besoin de vous donner quelque chose qui vous permettra d ’être davantage vous-même. Toute peur est celle de perdre, donc de subir une diminution, d’être amoindri. Ces deux mouvements occultent le fait que l’Être ne peut ni s’ajouter ni se soustraire. L’Être dans sa plénitude est déjà en vous, maintenant."
Comment aller vers la plénitude de l'être? Les recettes seront forcément diverses et fonction de nos convictions intimes comme de notre environnement ou de nos expériences de vie.
Dans l'approche chrétienne toutefois, trouver la plénitude de l'être ne peut se faire sans passer par la reconnaissance de notre péché, celui de vouloir être et vivre comme bon nous semble en étant son propre maître ou au contraire d'en refuser les conséquences. Cela nous place - comme l'a très bien vu Pierre Bühler - sous le signe de l'angoisse:
Nous sommes tous placés sous le signe de l'angoisse qui est fondamentalement ce vertige qui me saisit devant l'incertitude et la fragilité de la vie: tout est possible, tout peut arriver, rien n'est garanti. Rien n'est absolument sûr; l'avenir est inconnu: suis-je livré au néant? Naît alors une double angoisse: celles de la faute et celle du possible qui toutes deux engagent ma responsabilité. Avec pour conséquence un mélange de fatalisme et de culpabilité, l'illusion de pouvoir y échapper ou de les maîtriser. De les fuir ou de les subir.
Fondamentalement, la structure de la vie est celle de l'appel-réponse; le croyant est à l'image de Dieu dans la mesure où il fait correspondre sa vie à l'instance dernière
Nous sommes fondamentalement notre relation au monde et aux autres; ma qualité d'humain se joue toujours dans une existence toujours engagée concrètement dans des relations multiples: en relation avec soi-même, les autres et le monde; et mon identité m'est donnée dans une adéquation aux relations vécues, dans cette compréhension globale qui me permet de m'adapter à ma réalité quotidienne. Le mal va se définir ici comme inadéquation - et non pas seulement comme un acte mauvais - car je reste redevable de la prise en charge de mon attitude fondamentale Devant le monde et devant Dieu comme instance suprême. L'existence en forum conduit à l'existence en procès conduit par ma conscience morale que je peux refuser, nier ou contourner. Revendiquer mes errances ou les minimiser. Dans l'activité et la passivité qui pourtant se situe face à l'angoisse du bien et du mal, dans une fascination-répulsion, dans une activité passive et une passivité active, dans un mensonge illusoire et une illusion mensongère. Pour sortir de ce cadre normatif, la foi chrétienne nous propose de désespérer de tout, de nous défaire de nos attaches et même du désespoir auquel nous aimerions nous accrocher. Le salut devra venir de l'extérieur. Le péché va donc ici se définir comme refus de Dieu comme instance dernière de jugement, comme désespoir devant Lui, refus de toute relation: c'est l'insubordination et l'incroyance. Avec Luther il convient de reconnaître notre situation: " Nous concluons donc que Dieu ne peut devenir sage, juste, vrai, fort, bon, etc. que si, croyant en lui et lui faisant place, nous confessons que nous sommes insensés, injustes, menteurs, faibles, mauvais. C'est pourquoi l'humilité et la foi sont nécessaires (commentaire aux Romains, p. 218)." Quand le reconnais, je suis reconnu, quand je justifie Dieu, je suis justifié. Quand je fais place à Dieu, le péché est vaincu; je suis mort avec le Christ et ressuscité, justifié en lui. Je reçois un nouveau lieu d'existence qui me permet de vaincre l'illusion du péché, d'une existence assumée sans Dieu. C'est en lui et par lui que je peux être sage, juste, fort, bon, dans cette reconnaissance toujours à refaire dans la conscience simultanée de la puissance du péché et de celle de la grâce; je suis à la fois juste et pécheur, condamné et sauvé, etc. Dès lors, nous n'avons pas à sauver le monde mais à lui tenir tête, en accomplissant ce qui s'impose comme évidence éthique et politique. La foi ne supprime pas le péché elle le pardonne, et rend par là possibles de nouveaux choix.
CF. Le problème du mal et la doctrine du péché, Labor et Fides, 1976.
Une étude menée en 1972 aux USA sur 24 villes de plus de 10'000 habitants a donné des résultats significatifs : la violence diminuait grâce à la prière de gens , une centaine, qui ressentait la paix. Il faut la racine carrée d'un pour cent de la population ( 8'000 pour 6 milliards). La qualité de nos croyances influencent le monde extérieur. Le miroir nous les reflètent, et dès lors l'enjeu du changement est dans la reconnaissance du langage du Champ et dans ce que nous voudrions changer.
Il s'agit donc de transformer ce qui nous a blessé en une nouvelle expérience positive. La bénédiction se place dans l'entre deux, entre le passé et l'avenir, dans un temps suspendu de reconnaissance de ce qui est, d'une souffrance abordée de là où règne la force et la clarté, plutôt que dans la faiblesse de la rage et de la souffrance : alors quelque chose peut se produite. La douleur s'en va, elle quitte notre corps pour être remplacée par un nouveau sentiment. C'est possible parce que notre cerveau ne peut pas juger et bénir en même temps !
Ici, il convient de réaliser avec Agathe Raymond que "La transformation de notre vie se fait dès l’instant où nous faisons un focus sur le présent et non sur ce qui s’est passé de négatif avant l’instant présent.
L’utilisation constante des mêmes pensées, des mêmes croyances nuisent à créer un réservoir dans lequel l’univers dépose ce dont nous avons besoin maintenant. Il nous devient impossible de faire le plein de nouvelles énergies, de nouvelles idées créatives, de nouvelles occasions de réussir.
Même si nous croyons tout bien faire pour que la loi de l’attraction se mette en action, il manque un réservoir vide du passé, des peurs, des doutes, de la méfiance, si dans notre cœur, dans nos pensées, dans nos sentiments tout l’espace intérieur est occupé par des rancunes, des colères, des pensées et croyances limitatives et par la peur du manque, il ne reste aucune place pour que l’univers remplisse notre espace intérieur de nouveautés, de prospérité, de pensées créatives.
Il nous est quelquefois très difficile de laisser partir une peur, une croyance, une mémoire où nous avons expérimenté une situation qui n’a pas eu le succès attendu.
Faire le vide pour faire le plein nous demande de laisser partir des souvenirs, des pensées, des manques de confiance, la méfiance afin que l’univers puisse immédiatement remplir le vide par un plein d’abondance, de santé, d’énergie, de prospérité.
Dans la sagesse universelle aucun vide n’est accepté.
Aussitôt que nous acceptons de laisser partir nos pensées et croyances limitatives et souffrantes, aussitôt l’univers s’empresse de faire le plein d’une nouvelle énergie qui apporte bien-être, santé, prospérité, créativité.